Ce n'est pas la première fois que je remarque que mes projets sont de façon quasi systématique servis par des coups de pouce du hasard, des rencontres opportunes, des miracles minuscules qui, ensemble, contribuent à entretenir ma confiance et ma ténacité, dans la longue gestation d'un roman.
L’idée de “Reconquista” est un cadeau que m’a fait Emilia Sánchez, en me remettant à la médiathèque de Seix un jour de 2013, un dossier sur la trajectoire de son père. La bourse d’écriture décernée sur la base de mon synopsis par la région Nouvelle Aquitaine, a été un don inattendu et supplémentaire, qui m'a permis de partir écrire un mois à Barcelone.
Ma découverte de Jiwar, cette résidence pour auteurs dans le quartier de Gràcia, a continué l’heureuse série, assorti d'un clin d’œil appuyé : car malgré l’étendue de la ville, cette résidence de la rue d’Astúries ne se trouve qu’à quelques centaines de mètres de l’appartement que mes grands parents ont dû quitter à tout jamais, en janvier 1939. Pendant ce séjour, combien de fois suis-je passé devant, en jetant un coup d’œil au premier étage, au cas où l’un d’eux viendrait à la fenêtre !
L’immersion indispensable dans la matière de cette ville originelle et le voyage dans le temps que j’y ai accompli se sont révélés tout à fait passionnants. Et j’ai connu pendant mes recherches aux archives historiques de Barcelone de vraies joies, à mesure que je mettais la main sur les informations qui me manquaient, avec l’aide active de l’archiviste Laura Coll, qui par chance parlait français.
Pour conclure cette résidence d’écriture, un article sur mon travail posté sur la page Facebook Jiwar par Mireia Estrada, la fondatrice de l'endroit, a intéressé une journaliste de la télé catalane TV3. Ce qui a donné lieu au reportage joint…
Quand Paul Auster écrit : “Rien n’est réel, sauf le hasard”, je peux renchérir en disant que non seulement il est réel, mais il se met en quatre pour que ce projet aboutisse !
Jiwar Barcelona, août 2018
“Je ne choisis pas mes sujets, ils me choisissent ; les livres viennent me demander à être écrits.”
Marie Darrieussecq
C’est en septembre 2013, lors de la présentation de mon roman “La rive sombre de l’Ebre” à la médiathèque de Seix (Ariège), que j’ai fait la connaissance d’Emilia Sánchez. Fille de réfugiés espagnols, Emilia m’a confié ce jour-là le dossier qu’elle avait constitué sur le projet utopique et méconnu auquel avait participé son père en 1944. Il s'agissait d'initier avec une poignée de volontaires la libération de l’Espagne du joug franquiste, à partir du Val d’Aran. Dans l'espoir que Français et Alliés aideraient les guérilleros espagnols à mener l'opération à son terme. Dépourvue du moindre appui, l'épopée s'est soldée par un fiasco.
Désireuse que cette histoire ne tombe pas dans l’oubli, Emilia Sánchez avait pensé que peut-être, ces éléments pourraient m'intéresser et me donner envie d’écrire sur ce sujet.
Elle ne s’est pas trompée.
Un peu plus de trois ans après ma rencontre avec Emilia, j’ai décidé de relire ses documents et de me renseigner plus largement sur cette période. J’en ai conclu qu’il y avait là non seulement un témoignage unique dont j’étais dépositaire, mais aussi une piste de roman, qu’il ne me restait plus qu’à imaginer.
J’ai donc installé dans le cadre offert par Emilia un personnage déchu, ancien policier républicain brisé par la défaite et l’exil, en colère contre tout et surtout contre lui-même, qui va mener au moyen de cette opération de reconquête, son propre combat intérieur.
Ce projet a été servi par une chance inattendue, puisqu'il m'a valu une bourse d'écriture allouée par la région Nouvelle Aquitaine ; je séjournerai donc à plusieurs reprises dans le Val d'Aran ainsi qu'à Barcelone en 2018. Je m'immergerai en particulier dans cette cité que je connais mal et où débute l'histoire de mon personnage principal, dans les années qui précèdent la retirada.
Le fait que Barcelone soit la ville originelle de mes ascendants espagnols est bien entendu une pure coïncidence.
L'ensemble des critiques : http://www.babelio.com/livres/Legrand-Vall-La-part-du-requin/681055
“Un très beau livre où la mère et l'épouse disparue, insulaire et solaire, se fait esprit et se réincarne sous différentes formes pour réconforter, insuffler son amour, orienter les siens ; où le père est repère, savoir, référent, roc, compagnon ; où les enfants balancent et se cherchent entre les deux cultures originelles. Au-delà du salvateur dépaysement sous les cieux marquisiens en cette fin d'hiver, ce récit inspiré m'a fait le même effet qu'un voyage en terre inconnue. Remise en perspective de la France, de nos propres us et coutumes, critique de la rationalité à tout crin, de l'enfermement aux sens propre et figuré, de l'ingérence et de l'impérialisme ; découverte de la richesse d'une culture, où la femme a le droit a deux maris pour mieux exprimer sa double personnalité, où l'hédonisme est de rigueur, la sexualité source d'épanouissement et dont les pratiques "barbares" sont présentées sans jugement. Un hymne aux sens et à l'essence même de la vie, une invitation toute en finesse au voyage hors de notre matrice. Merci à l'écrivain, qui se fait tour à tour conteur, historien, sociologue, ethnologue...”
Vidéo Mollat, 12 février 2015.
L'arbre à lettres from Ray Andrieu on Vimeo.
À la librairie L'Arbre à lettres, Paris. 22 février 2013.
Serge Legrand-Vall vous présente son ouvrage "La rive sombre de l'Ebre" aux éditions Elytis. Rentrée littéraire janvier 2013.
Le 1er avril 2013, à l'occasion de l'Escale du Livre de Bordeaux.