12 Nov Second roman
Écrire, c’est toujours voyager dans un monde intérieur sans lumière. Il y a très longtemps que j’avais envie d’entreprendre ce périple dans le pays disparu de ma famille, dans des événements refoulés. J’ai su très tard, beaucoup trop tard. J’ai beaucoup interrogé, mais obtenu peu de réponses. La mémoire familiale est comme un champ de ruines dans lequel on retrouve ça et là un objet qui rappelle la vie des anciens habitants. Il faut de grands efforts d’imagination pour reconstituer ce qu’a pu être ce passé enfoui. J’ai pu sauver quelques bribes, informations, photos. Bien peu. Et pourtant cela suffit.
Cela suffit parce que je suis constitué de ce silence et de cet insu. Parce que bâtir des constructions imaginaires sur les fondations ruinées est une des choses que je sais le mieux faire. Peut-être aussi cela m’arrange t-il de ne pas savoir pour me servir de la liberté, de la légèreté de l’écriture. Non je ne sais pas ce qui s’est passé et pourtant, je sais. Je sais ce qui manque et c’est cela que je vais raconter. Quand la guerre est civile, les repères disparaissent, les pères aussi. Dans ce livre, la bataille de l’Èbre est le tombeau d’un père tombé au front en 1938. Un père énigmatique que la mère confond dans son discours avec son mari français, et dont le fils ne connaît que le portrait. C’est l’histoire d’un secret et de la douleur qui l’entoure, dans une période d’idéaux et d’engagement.
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