Les îles du santal. Elytis, 2011

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Octobre 1816.

Après une rupture amoureuse, Alban, âgé de dix-sept ans, décide sur un coup de tête de quitter sa famille et son métier de batelier pour le grand large. Au hasard d’une rencontre, c’est le Bordelais, en partance pour un voyage de trois ans, qui l’accueille à son bord. Quand le trois-mâts met l’ancre dans la baie de Taiohae, aux Marquises, le mousse est ébloui par un étrange éden où sensualité et cannibalisme se côtoient, dans une civilisation aux antipodes de la sienne. Pour les tribus de l’île de Nuku Hiva, la vie quotidienne, sous la protection du peuple des dieux, est inchangée de mémoire d’homme. Mais le temps d’embarquer le bois de santal convoité, marins et indigènes prennent peu à peu conscience des bouleversements dont cette escale est annonciatrice.

La rive sombre de l’Ebre. Elytis, 2013

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Avril 1938. L’offensive des troupes franquistes sur le haut-Aragon fait fuir des milliers d’Espagnols vers la France par les cols pyrénéens. Au cours de cette première “retirada”, une femme épuisée accouche en pleine montagne, dans la neige. L’enfant sera Français. Son père, resté sur le front, ne reviendra pas de la bataille de l’Èbre. À partir de cette histoire authentique, l’auteur retrace l’itinéraire d’une femme et de ses parents réfugiés qui ont décidé, pour rebâtir leur vie en France, de ne plus jamais parler des déchirements de la guerre. Le poids de ce silence suscitera chez Antoine, le fils devenu adulte, une vocation de journaliste. La mort prématurée de sa mère lui offre la possibilité de rompre le pacte d’oubli familial. Vingt-six ans plus tard, guidé par des lettres retrouvées de son père, il part en Espagne pour comprendre ce que personne n’a pu lui raconter.

Toulouse Bordeaux l’un dans l’autre. Loubatières, 2005

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Rivales, jalouses, aux antipodes l’une de l’autre, Toulouse et Bordeaux ? Une ville latine pleine d’énergie, contre une ville froide et nostalgique ? Et si Toulouse et Bordeaux s’assemblaient au contraire comme deux gouttes de Garonne ? Pour trouver leur air de famille, il faut entrer dans leur histoire, chercher derrière leurs façades de brique et de pierre les souvenirs et la culture qui les unissent. Leurs unions médiévales, leurs semblables combats pour des indépendances perdues, leur lien-fleuve, transportant pendant des siècles les marchandises de l’une à l’autre, leurs solidarités croisées des périodes troubles, de la Révolution à l’Occupation… Les villes ne partagent-elles pas l’héritage de la langue d’oc, ne cultivent-elles pas leur tropisme espagnol, ne se régalent-elles pas des mêmes recettes, ne se rencontrent-elles pas sur les mêmes stades ? Bien sûr chacune a sa personnalité, sa géographie, ses intérêts. Toulouse et Bordeaux sont loin d’être identiques, mais elles sont semblables. L’un dans l’autre, il y a de la brique dans le port de la Lune comme il y a de la pierre dans la Ville rose. Cette quête de liens est aussi celle de l’auteur qui, un pied ici et l’autre là, a cherché les ressemblances pour se rassembler.

Télévisions, avril/mai 2005

Toulouse Bordeaux l’un dans l’autre a suscité la curiosité des médias.

Cela m’a valu une invitation de Carine Couedel au 12/14 de France 3 Aquitaine

et une autre de Benjamin Bardel à Carré VIP sur TV7.

Pierre Veilletet m’a fait l’amitié de m’accompagner à cette émission, après m’avoir utilement conseillé pour le manuscrit.

France 3 :

TV7 :

Sud Ouest Dimanche. Sur le port de Bordeaux

Pour faire suite à la sortie du livre Toulouse-Bordeaux, Marie-Luce Ribot, journaliste à Sud-Ouest Dimanche, m’a proposé d’écrire un article qui traiterait uniquement de Bordeaux. Je me suis alors aperçu que la part de la ville qui me faisait le plus rêver était sa part disparue, son port. Et c’est en écrivant ce texte que l’idée du roman a commencé à m’apparaître.

 

 Descendant la Garonne depuis mon port natal de brique rose, j’ai posé un jour mon coffre de voyage sur le large quai de Bordeaux. Une autre rive, dans cette autre ville familière, est devenue un autre chez moi.

J’ai aimé les berges ventées du fleuve et les éphémères guinguettes posées à l’emplacement des hangars disparus. Là, j’ai imaginé devant la rade déserte la danse des mâts des grands voiliers, en partance aux siècles derniers pour les immensités océanes. En 1840, Théophile Gautier de passage à Bordeaux s’extasiait de l’élégance naturelle des femmes du peuple qui allaient et venaient sur le port : “Avec leur amphore sur la tête, leur costume à plis droits, on les prendrait pour des filles grecques et des princesses Nausicaa allant à la fontaine.” Le gascon chantant de leur langage devait être un exotisme de plus pour un écrivain parisien fraîchement débarqué.

Musardant sur l’autre rive, aux abords de la guinguette d’Alriq, j’ai été témoin un matin d’été du bain d’une étrange sirène. Aussi à l’aise dans les flots boueux qu’elle l’eût été dans un lagon des mers du Sud, elle nageait en travers du fleuve, profitant du calme de l’étale. Un mirage de sensualité joueuse, légère. Bordeaux ce jour-là était une île.

De l’autre côté du monde, c’est cette même grâce qu’ont retrouvée les marins partis du port de la lune, munis de rameaux cueillis dans les bois de Lormont, en guise de porte-bonheurs pour la traversée. Attachés à la marine à voile, les armateurs bordelais du début du XIXe siècle s’étaient fait une spécialité des destinations lointaines, inaccessibles aux plus modernes navires à vapeur. C’est ainsi que dans l’archipel des Marquises, entre les îles d’Hiva Oa et Tahuata, un bras de mer se nomme toujours aujourd’hui “Canal du Bordelais”. Peut-être après l’expédition de l’amiral Dupetit-Thouars qui en 1842 prit possession de ces îles pour la France, un hardi capitaine d’ici décida-t-il d’imprimer une trace de son passage. Herman Melville, l’auteur américain de “Moby Dick” alors âgé de vingt-trois ans et matelot à bord d’un navire baleinier, fit relâche aux Marquises la même année et décrit ainsi son arrivée : “Nous étions arrivés à un mille et demi à peu près du fond de la baie, quand plusieurs insulaires qui avaient enfin réussi à gagner le bord nous désignèrent dans l’eau, en avant du navire, une singulière agitation. (…) Nos sauvages nous affirmèrent qu’elle était due à un banc de vahinés, qui s’en venaient ainsi du rivage à notre rencontre. Comme elles se rapprochaient, je distinguai bientôt les formes des nageuses. Le bras droit levé, elles maintenaient hors de l’eau leur pagne de tapa, et leurs longues chevelures noires traînaient dans leur sillage. On eût cru voir autant de sirènes…”

Si Bordeaux est restée si longtemps nostalgique du départ de son port et de la fin de ses aventures marines, c’est peut-être qu’elle y a perdu plus que des affaires : Une part de mystère et d’imaginaire. Est-ce dû à ses eaux qui la traversent pour se fondre dans l’océan ? À tous ces voyageurs conquis dont je fais partie, qu’elle a mêlés en son sein ? Bordeaux a une singulière faculté d’oubli. Où repartir en voyage, où retrouver ses escales, où découvrir les réussites et les tragédies de son histoire maritime ? Je rêverais pour la ville d’un lieu de mémoire et d’évasion sur ce qui a fait sa fortune et modelé son caractère : Un lieu qui raconterait toutes les pages de cette épopée. Qui attirerait régulièrement de grands voiliers, à l’instar de Brest ou de Rouen.

En rêvant encore un peu plus, la réplique d’un navire à voiles parti d’ici il y a deux siècles serait amarrée à proximité sur le port, comme la Santa Maria à Barcelone et le Bounty à Sydney. Avec bien sûr une sirène en figure de proue, pour nous guider de nouveau vers l’horizon.

 

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Serge Legrand-Vall en dix dates

1958. Naissance à Montauban.

1964. De l’Ariège à la Normandie, changement de décor et de patronyme.

1976. École Supérieure des Arts appliqués Duperré / Paris.

Auditeur libre en Ethnologie, civilisations amérindiennes / Paris VII Jussieu.

1986. Ateliers Cinématographiques Sirventès, écriture scénaristique / Toulouse.

1995. Bordeaux.

2005. Toulouse Bordeaux l’un dans l’autre (essai), première publication.

2011. Les îles du santal, premier roman suivi d'une résidence d'écriture aux îles Marquises pour La part du requin.

2013. La rive sombre de l’Ebre.

2018. Résidence d'écriture à Barcelone pour Reconquista, avec le soutien de la région Nouvelle-Aquitaine.

2022. Un oubli sans nom.

Plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Legrand-Vall

Les avis de lecteurs :

https://www.babelio.com/auteur/Serge-Legrand-Vall/111133

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Les livres en stock dans les librairies indépendantes :

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Et les indispensables :

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D'abord pourquoi vendredi écriture ?

Pour écrire, pendant une vingtaine d'années, j'ai défendu comme une citadelle assiégée mon vendredi. Le siège a été levé en 2020 et j'écris désormais tous les jours si je veux. Mais c'est grâce à tous ces vendredis que j'en suis arrivé là. 

 

À propos de mon rapport au vrai et à l'imaginaire dans l'écriture,

je ne résiste pas au plaisir de vous livrer cet extrait du monde selon Garp de John Irving :

“Il attendait le moment où elle lui demanderait : et alors ? Qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui est inventé ? Il lui dirait alors que rien de tout ça n'avait la moindre importance ; Elle n'avait qu'à lui dire tout ce qu'elle ne croyait pas. Il modifierait alors cette partie. Tout ce qu'elle croyait était vrai ; tout ce qu'elle ne croyait pas devait être remanié. Si elle croyait toute l'histoire, dans ce cas, toute l'histoire était vraie.”